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Rédigé par Deborah L
https://www.sante-sur-le-net.com/
Certains patients ayant été infectés par le SARS-CoV-2 subissent un « Covid long » avec des symptômes pouvant persister pendant plusieurs mois. Mais entre un diagnostic et une prise en charge difficiles, les causes possibles du Covid long restent encore méconnues par la communauté scientifique. Une récente étude publiée dans la revue Nature Communication pourrait changer la donne et mener vers une meilleure compréhension du Covid long. On fait le point.
Les mystères du Covid long…
Touchant 10 à 30 % des personnes infectées par le SARS-CoV-2, le Covid long se manifeste par des symptômes persistant plusieurs mois après l’infection aiguë (fatigue, essoufflement, toux, douleurs musculaires ou thoraciques…). Mais entre un diagnostic et une prise en charge difficiles, les causes possibles du Covid long restent encore méconnues par la communauté scientifique.
À savoir ! Aujourd’hui, plus de trois ans après le début de l’épidémie, les scientifiques peinent encore à diagnostiquer les Covid longs de manière fiable et à proposer une prise en charge adaptée.
Dans ce contexte, des chercheurs français de l’Inserm, aidés de scientifiques portugais, ont tenté de décrypter les mystères du Covid long. Les conclusions de leurs travaux ont été publiées dans la revue Nature Communication
Covid long et persistance du SARS-CoV-2 dans les muqueuses
Pour mener à bien leurs travaux, les scientifiques ont recruté 164 participants parmi lesquels 127 personnes ayant été infectées six mois plus tôt, la moitié d’entre elles présentant un Covid long et 37 personnes témoins n’ayant pas été infectées. En analysant leurs échantillons sanguins, les scientifiques se sont intéressés au système immunitaire des participants et notamment aux lymphocytes T.
À savoir ! Les lymphocytes T représentent des cellules immunitaires particulières qui reconnaissent et détruisent les agents pathogènes de façon spécifique.
Ils ont ainsi pu constater la présence de plusieurs marqueurs sanguins six mois après l’infection chez 70 à 80 % des personnes souffrant de Covid long :
Excès d’un sous-type de cellules CD8 exprimant une protéine inflammatoire.
Grande quantité d’anticorps IgA spécifiques du virus, ce qui est étonnant car ils devraient être rapidement éliminés en l’absence du virus.
Chez les personnes n’ayant pas développé l’affection, ces marqueurs sanguins étaient plus rares. Les chercheurs ont également noté chez les personnes souffrant de Covid long une faible quantité d’un autre sous-type de cellules CD8 exprimant l’intégrine b7. Alors même que ces cellules sont essentielles pour contrôler les virus dans les muqueuses.
Forts de ces observations, les auteurs de l’étude suggèrent l’hypothèse d’une persistance du SARS-CoV-2 dans l’organisme et notamment dans les muqueuses. D’après les chercheurs, le virus aurait recours à une stratégie pour échapper au système immunitaire. Initialement présent au niveau des muqueuses pulmonaires, le SARS-Cov-2 pourrait en effet descendre au niveau intestinal et y persister.
Vers une meilleure compréhension ?
Les chercheurs ont par ailleurs pu faire le lien entre le niveau d’inflammation initial au cours de la phase aiguë de l’infection (avec des taux très élevés de molécules inflammatoires) et le risque de faire un Covid long par la suite. Ce lien confirme les observations cliniques associant sévérité initiale de la maladie et risque accru de développer un Covid long.
Pour les chercheurs, ce phénomène s’expliquerait par le fait que des personnes avec une immunodéficience plus marquée développeraient des formes initiales plus graves de la Covid-19 et n’arriveraient donc pas à éliminer efficacement le virus. Ce dernier passerait dans les muqueuses intestinales, où il s’installerait durablement. Quant au système immunitaire, incapable d’éliminer complètement le virus, il finirait par en « tolérer » la présence mais provoquerait en contrepartie la persistance de symptômes dans le temps.
Prochaine étape pour les chercheurs ? Vérifier ces hypothèses à travers la mise en place de nouvelles études. Tout l’enjeu consistera à identifier de potentiels marqueurs diagnostics dans l’objectif d’une meilleure prise en charge des patients souffrant de Covid long.
Rédigé par Deborah L
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